Plastique : hier décrié,aujourd’hui recherché

Parmi les hausses de prix consécutives à la pandémie de Covid-19, celle du plastique se remarque : la matière vierge, c’est-à-dire n’ayant jamais été utilisée, a vu son coût plus que doubler ces six derniers mois. Ce n’est rien comparé aux transports maritimes internationaux , qui ont semble-t-il quadruplé (voir page suivante), mais très supérieur à ce qui est couramment rapporté dans le domaine des métaux, par exemple, où des niveaux de 10 à 30 %, souvent cités, causent déjà des sueurs froides à certains producteurs, comme ceux de boîtes de conserve, comme la presse grand public l’a largement rapporté en février, pour ne citer que cet exemple.

Les pots viennent à manquer, leur prix augmente

Pour des secteurs comme les pots horticoles, où la matière représenterait selon les fournisseurs autour de la moitié du prix de vente final du produit, un doublement du coût de la matière première est difficile à absorber­ dans la marge, ceux qui se partagent le marché ont donc, dès février, avant le lancement de la saison de printemps, tiré la sonnette d’alarme.

À partir de cette date, des hausses du prix des pots étaient inévitables selon­ eux, 10 % a minima, mais Marie Levaux, la présidente de la FNPHP, avançait mi-mars des hausses déjà constatées de près de 20 %.

Pourtant, si cette question de l’approvisionnement des producteurs pour la saison était prépondérante dans les inquiétudes des fabricants, elle n’était rien comparée à la frustration de ceux qui destinent l’essentiel de leurs gammes aux jardineries. Ces derniers constataient en mars, impuissants, le dynamisme du marc­hé, en se disant qu’ils auraient du mal à en profiter, dans l’incapacité qu’ils étaient d’assurer les réassorts des magasins faute de production suffisante.

Cette pénurie de matière est également ressentie par les fabricants d’étiquettes et autres produits d’ILV et PLV. « Mais de notre côté, l’essentiel de la saison est fait », déclarait Aline David, qui dirige DG Crea, spécialiste des étiquettes, chromos et sachets, à la mi-mars. La question de la hausse du prix est donc en grande partie décalée dans le temps, mais se posera pour la prochaine saison… Pour elle, celle-ci « est inévitable, car les hausses ne sont jamais suivies de baisses, et la matière représente 50 à 60 % des coûts de production ». De son point de vue, d’autres écueils se présentent pour son activité, tel le fait de se procurer des cartons, devenu plus difficile, plus cher et plus long. Les spécialistes de la vente à distance voient la demande croître rapidement et s’accaparent l’essentiel des produits sur le marché.

Les étiquettes se réinventent

Résultat, la question du matériau utilisé pour fabriquer les produits commercialisés se pose avec encore plus d’acuité qu’auparavant. Déjà, la remise en question du plastique avait fait bouger les lignes. « Nous avons fait passer tous nos clients au polypropylène 100 % recyclé, rappelle Aline David, après que nous avons développé ce produit en 2015 pour l’enseigne Botanic, avec deux ans d’exclusivité. Nous vendons aujourd’hui vingt millions d’étiquettes par an dans cette matière. » Celles-ci sont produites à partir de plastique de recyclage postindustriel. Un procédé qui a fait grimper les prix. La raréfaction de la matière va accentuer encore le problème. L’entreprise affirme donc préparer l’avenir, en recourant à une autre matière. Il est encore trop tôt pour savoir laquelle. Certainement pas du carton, bio­dégradable mais pas assez durable pour les producteurs et les points de vente, le temps que le produit soit écoulé…

L’augmentation du coût de la ma­tière première devrait, comme souvent, doper les innovations technologiques. Si cela se réalise dans les étiquettes, gageons qu’il en sera de même pour les pots !